Espaces
Ces trois-là, Paul Lay, Bruno Chevillon et Edward Perraud - piano, contrebasse, batterie -, avancent comme un triangle d’explorateurs en apesanteur en recherche d’espaces vierges. En l’occurrence, les espaces s’appellent des intervalles, au sens musical du terme. « Au beau milieu d’une nuit, confie le batteur-compositeur, je me réveille avec un flash lumineux et sonore, je viens de rêver de théorie musicale : « Chaque intervalle musical connaît son apogée à différents moments de l’histoire du langage tonal occidental. »
Rêve dont la concrétisation lui parait lumineuse : « Écrire tout un opus pour célébrer les intervalles, dans lequel chaque composition est une offrande à un des 12 intervalles du langage tonal compris au sein d’une octave. » Le demi-ton, le ton, la tierce mineure, la tierce majeure, la quarte, la quarte augmentée, la quinte, la sixte mineure, la sixte majeure, la septième mineure, la septième majeure et l’octave… Ne pas se fier aux apparences. A l’arrivée, miracle, le concept devient sensuel et l’abstraction fait place à des jeux malicieux, à des pianissimos onctueux, à des éclats scintillants. La musique respire, ondule, zigzague, ménageant un suspense dans chacune des quatorze pièces. Une sorte de bleu ciel.