Palmarès 2024
Photo : Bayard Musique
Prix du Président de la République
Helmut Lachenmann (Musique Contemporaine)
Pour l'ensemble de sa carrière.
Né le 27 novembre 1935 à Stuttgart, Helmut Lachenmann est l’un des compositeurs les plus influents et novateurs de la musique contemporaine. Formé à la Hochschule für Musik de Stuttgart et à la Hochschule für Musik und Theatre de Munich, il a étudié avec des maîtres tels qu’Eugen Werner Velte et Karl Österreicher, avant d’aller étudier la composition avec Luigi Nono à Venise (1958-1960), puis à Cologne avec Karlheinz Stockhausen (1963-1964).
Dès le début de sa carrière, Lachenmann s’est distingué par sa recherche de nouvelles sonorités et sa volonté de repousser les limites des instruments traditionnels.
Helmut Lachenmann a enseigné à Stuttgart (1966-1970), puis à Ludwigsburg (1970-1976), Hanovre, enfin. Grâce à ses nombreuses master-classes de par le monde, il est, avec Gérard Grisey, le créateur ayant probablement le plus influencé des générations de compositeurs.
Membre de l’Académie des arts de Berlin depuis 1981, de nombreuses récompenses ont émaillé son parcours musical : le prestigieux Prix Ernst von Siemens, en 1997, le Lion d’or remis à la Biennale de Venise, en 2008 – il est également nommé Commandeur des Arts et Lettres, en 2012.
Omer Corlaix et Arnaud Merlin
Les Grands Prix internationaux du disque
West Georgia Blues (Blues & Soul)
Jontavious Willis
Strolling Bones Records
Lorsqu’en janvier 2024, il se présenta seul, sa guitare à la main, sur la scène du théâtre Claude Debussy de Maisons-Alfort, nul n’aurait pu imaginer que ce jeune homme faussement timide allait aisément enthousiasmer le public du festival « Sons D’Hiver ». Déjà en mai 2023, sa prestation à Coutances en Normandie, en première partie du vétéran Robert Cray, avait fait sensation. Pourquoi donc Jontavious Willis suscite-t-il tant de ferveur ? Il faut croire que l’authenticité de son répertoire et la sincérité avec laquelle il le délivre font mouche. À 28 ans, ce natif de Géorgie, dans le sud des États-Unis, veut préserver un patrimoine hérité de ses aïeux. Depuis sa prime jeunesse, il se passionne pour les histoires narrées par ses aînés, ces fameuses ritournelles séculaires qui ont nourri la légende du blues ancestral. Alors, il conte à son tour l’aventure culturelle et sociale d’antan comme pour perpétuer un message qui ne résiste pas assez à l’érosion du temps. Mélodieusement rugueuse, sa musicalité semble échappée des entrailles de l’histoire mais, ne vous y trompez pas, il s’agit davantage d’une restitution que d’une imitation. Jontavious Willis est le fruit d’une épopée tumultueuse, celle des afro-américains qui, de tous temps, ont dû batailler ferme pour se faire entendre. Il a en lui ce récit douloureux qu’il sait rendre majestueux. Comme un griot africain, il entretient la mémoire de ses pairs en s’appropriant au présent leur poésie et leur sensibilité. Dans cette Géorgie qu’il connaît bien, il retrace la généalogie de sa famille et nous ramène jusqu’en 1823. Le blues était déjà le ciment communautaire de ses arrières-grands-parents. L’écho de ces chansons d’autrefois résonne encore avec force dans son esprit. Ces incantations ont toujours du sens aujourd’hui, semble-t-il affirmer. La ruralité sudiste américaine transpire naturellement dans ce disque frissonnant sans pourtant se perdre dans une relecture prévisible et convenue. Jontavious Willis vit au XXIe siècle et perçoit les enjeux de son époque. Il cherche seulement à guider nos pas vers la source de sa créativité. Peut-être parviendra-t-il à susciter notre intérêt pour cette région du monde où, contre vents et marées, contre brimades et humiliations, un élan artistique souleva l’espoir d’une égalité citoyenne réelle.
Resonant Trees (Musiques Expérimentales)
Léo Dupleix
Black Truffle, 2024, album digital et vinyle
D’une durée égale, les deux « arbres résonants » que nous livre Léo Dupleix sont deux facettes d’un même geste sonore : une insistance hypnotique de séquences harmoniques, égrenées dans une régularité quasi rituelle striant le temps, immuable, stable. Le clavecin, accordé selon un tempérament juste propre à Léo Dupleix, se met à ronronner, à créer de l’inouï, des sensations quasi tactiles.
Très vite, les premières émergences de résonances sont troublantes, fantomatiques, spectrales. Les timbres sont indiscernables. Le clavecin hiératique devient alors un objet sonore que l’on observe sous toutes ses coutures, mis en lumière toujours différemment par les résonances des autres instruments. Clarinette basse, traverso baroque et alto figent certaines notes du clavecin, tels des sons gelés réinterprétant continuellement la persistance harmonique du clavecin. Se mêlant aux autres, la guitare conserve cette liberté arpégée du clavecin, comme un écho lointain du jeu ductile du théorbe, alter ego du clavecin dans le continuo baroque.
Une impression de déjà-vu toujours différent.
Clément Lebrun
Django ! (Jazz)
Baptiste Herbin Trio
Matrisse Production, 2024
avec Baptiste Herbin, saxophone ; André Ceccarelli, batterie ; Sylvain Romano, contrebasse
Les bienveillantes (Musique Contemporaine)
Hèctor Parra
B-Records. 3 CD, 2024
Livret de Händl Klaus. Avec P. Tantsits, R. Harnisch, G. Papendell, N. Petrinsky, D. Alegret… et al.
Orchestre symphonique et Chœur de l’Opéra Ballet Vlaanderen, P. Rundel, dir.
Pour respecter le désir impérieux du romancier Jonathan Littell souhaitant réserver la représentation visuelle de ses Bienveillantes au seul spectacle vivant, c’est en CD que sort le sixième opéra (2019) d’Hèctor Parra, plongeant l’auditeur et l’auditrice durant près de trois heures dans les ambiguïtés du personnage principal, l’officier SS Maximilien Aue, et le récit des atrocités du régime hitlérien auxquelles il a participé : une version audio superbement captée lors de la représentation de l’opéra à Gand, qui, certes, nous prive de la mise en scène de Calixto Bieito, mais n’en projette pas moins ses propres images avec une force inouïe.
S’il aborde tous les genres musicaux, du solo instrumental aux pièces d’orchestre, l’opéra, en tant qu’art total où s’incarne la musique est sans nul doute l’univers de prédilection d’Hèctor Parra, compositeur mais aussi plasticien et pianiste virtuose, né à Barcelone en 1976.
Les huit ouvrages lyriques inscrits aujourd’hui à son catalogue ont suscité de nombreuses collaborations.
Michèle Tosi
Langues et Lueurs (Parole Enregistrée)
Jean-Paul Delore
Yolk Records – 1 CD - 46’59
Jean-Paul Delore (voix, conception, adaptation des textes)
Louis Sclavis (composition, clarinettes, accordéon, sanza)
Sébastien Boisseau (composition, contrebasse)
Textes de Sony Labou Tansi, Henri Michaux, Dambudzo Marchera, Mia Couto et Dieudonné Niangouna
L’Afrique au cœur. Directeur artistique du collectif LZD - Lézard Dramatique, directeur des Carnets Nord/Sud, laboratoire itinérant de créations musicales et théâtrales, Jean-Paul Delore a l’Afrique chevillée au corps. Avec ses complices compositeurs et musiciens Louis Sclavis et Sébastien Boisseau, il donne de la voix pour faire corps et donner chair aux textes sans concession de quatre poètes d’Afrique, les francophones S.L. Tansi et D. Niangouna, le mozambicain lusophone Mia Couto et le zimbabwéen D. Marechera. Le poème d’Henri Michaux, Paroles de celui qui étouffe, ne dépareille pas dans cette virée africaine (Téké sent orage et vent et cyclone aujourd’hui).
Ça commence en douceur, mais ça explose vite dès le premier texte de Tansi (Monsieur Rimbaud / Je vous le dis droit dans l’âme / Ce monde est mort / Y compris la France) ; ça halète puis s’apaise sur le Michaux ; ça remonte la mémoire du météore zimbabwéen Marechera (dont le recueil La maison de la faim vient d’être retraduit aux éditions Project’ïles) dans un texte narratif tant réaliste que fantasmé, qui s’achève sur un magnifique duo de 6’30 associant la clarinette de Scalvis et la contrebasse de Boisseau ; ça valse lentement sur le Niangouna, mode d’emploi de la baise ; ça avance par à-coups (de poing) sur l’autre Tansi (Je suis / intentionnellement humain / humain contre la bêtise / humain contre le mauvais / sang). Ça se clôt par L’Adieusiste, du grand écrivain mozambicain Mia Couto : parole d’une femme à son mari parti (Toute ma vie j’ai cru : l’amour c’est les deux multipliant par un. Mais aujourd’hui je sens : être un c’est encore beaucoup), longue prose dite avec douceur, par un Jean-Paul Delore apaisé, qui montre là toute l’étendue de son talent de conteur et de diseur de poésie.
Jacques Fournier
Risibles Amours / de Milan Kundera (Parole Enregistrée)
Serge Bagdassarian
Gallimard Écoutez lire – 7h50
Traduit du tchèque par François Kérel (1970), revu par l’auteur (1986)
Le deuxième livre, après La Plaisanterie, du grand écrivain tchèque Milan Kundera est constitué de sept nouvelles aux longueurs irrégulières. Il contient les grands thèmes chers à l’écrivain : l’amour, la fidélité, le paraître...
Serge Bagdassarian, sociétaire de la Comédie-Française, s’est emparé avec intelligence de la langue et de textes du romancier tchèque, qui en a revu personnellement la traduction en 1986. Il donne toute la mesure de cette écriture au ton ironique, qui fait transparaître tout le regard désenchanté qu’il posait sur l’amour, et plus particulièrement sur l’érotisme.
Jacques Fournier
Ronde autour de la terre (Jeune Public)
Anne Brouillard et Bertille de Swarte
Esperluète, livre avec CD + lien vers Soundcloud – 45 min
Dès 7 ans
Images, textes et musiques : Anne Brouillard
Textes, adaptations françaises et direction artistique : Bertille de Swarte
Quelle étonnante et inattendue proposition ! Inattendue, car c’est la première fois qu’Anne Brouillard, autrice-illustratrice belge reconnue, accompagne un livre d’un CD, réalisé avec la chanteuse et directrice artistique Bertille de Swarte. Étonnante, parce que le disque se révèle d’une incroyable diversité et richesse musicales, et que l’album, aux peintures soyeuses et chaleureuses, en est le complément indispensable.
Sur le CD, chansons, lectures, ritournelles, extraits de musique classique (Schumann, César Frank), créations musicales, poésies chantées, interprétées par des chœurs ((Les Itinérantes, Maëlle Rouifed...) et divers musiciens réunis par Bertille de Swarte, invitent à suivre le temps qui passe au fil des journées et des saisons. Le récit poétique est ponctué par les chansons de l’une et de l’autre, souvent mises en musique par Manon Cousin. Dans l’album, tous les textes sont sublimés par les paysages ou intérieurs douillets où jouent enfants et lutins. Car Anne Brouillard, dont la mère est suédoise, a aussi glissé des chansons traditionnelles suédoises, traduites en français. On succombe au charme de livre-CD inclassable.
Mon p’tit loup (Chanson)
Sous la direction de Nicolas Puluhen,
Irfan (le label), 2024, livre avec CD et téléchargement
Avec Magyd Cherfi, Flavia Coelho, La Rue Kétanou, Les Ogres de Barback, Minibus, JP Nataf, Oldelaf, Polo, Catherine Ringer, Albin de la Simone, Didier Wampas, Ann O’aro, David Courtin, Donita, Yeo’nlé, Fredogres, Guizmo, Mai Lan, Mike et Riké, Mam’Zelle Prune et Frédo
In honorem
Jean-Jacques Milteau (Blues & Soul)
Pour l'ensemble de sa carrière
à l’occasion de la parution de « Key to the Highway », Dixiefrog Records, 2024, CD et vinyle
Jean-Jacques Milteau : « Le souffle continu »
Depuis cinquante ans, l’harmoniciste français Jean-Jacques Milteau insuffle un esprit de concorde à travers ses virtuoses acrobaties instrumentales. Qu’il soutienne le répertoire de ses contemporains ou illumine ses propres albums, l’intention artistique et l’ouverture d’esprit de ce musicien unique font mouche. Bien qu’il fût longtemps perçu comme un ardent défenseur de la culture afro-américaine, il n’a jamais véritablement revendiqué ce statut. Jean-Jacques Milteau a, certes, côtoyé d’innombrables personnalités du Blues et de la Soul-Music dont Mighty Mo Rodgers, Terry Callier, Eric Bibb, Little Milton ou Harrisson Kennedy, il n’en reste pas moins un être libre qui défie les catégories et nourrit son inspiration de ses voyages et de ses passions. Son intégrité, ses mots choisis, ses notes sensibles, imposent le respect. La pertinence de ses créations, la finesse de ses interprétations n’ont jamais été dénoncées.
L’univers sonore de Jean-Jacques Milteau n’a pas de frontières. La poésie activiste d’un Gil Scott Heron le fascine autant que la langueur trépidante d’un Charlie McCoy. La musique est profondément universelle et « Jay Jay », comme le surnomme ses plus fidèles partenaires de scène et de studio, cultive cette approche résolument altruiste de son art. Son dernier album en date « Key to the Highway » est l’expression manifeste de cette générosité de cœur qui fait fi des limites stylistiques pour mieux célébrer le partage, l’écoute et le plaisir d’échanger un vécu, un savoir, une expérience magistralement éprouvée depuis plus d’un demi-siècle. Ce prix « In Honorem » couronne bien plus qu’une carrière, il donne du crédit à la bienveillance naturelle d’un homme sincère attaché aux valeurs humaines essentielles et convaincu du devoir de transmission.
(Photo : Isabel Tabellion)
Jennifer Walshe (Musiques Expérimentales)
Pour l'ensemble de sa carrière
à l’occasion de la sortie de « The Merry Month of May », Blue Chopstick, 2024
Jennifer Walshe est une artiste complète et foncièrement inclassable, compositrice, électroacousticienne, multi-instrumentiste, chanteuse, improvisatrice, comédienne, vidéaste, conceptrice de spectacles, féministe et animaliste. Subversive et provocatrice, elle explore la vie quotidienne et en tire une poésie visuelle et sonore souvent acide. À l’image d’internet, où un simple clic fait changer d’univers en une fraction de seconde, depuis le banal, le scabreux, le monstrueux, le tragique, le mièvre, le merveilleux jusqu’au sublime, ses compositions sont très séquencées, animées de cuts continus.
Jennifer Walshe ne prend pas de cours spécifique de chant, mais sa présence vocale, sa maîtrise des extended techniques et sa virtuosité sont une force, qu’elle utilise fréquemment dans ses propres œuvres. Artiste conceptuelle, la compositrice fonde en 2007 le collectif Grúpat, « groupe insurrectionnel » qui réalise des instruments auto-construits, des installations, des partitions graphiques, des films, des photographies, des sculptures et des costumes ainsi que différents disques, mais qui est en réalité constitué de douze alter egos qu’elle s’est créée.
Avec Tony Conrad (1940-2016), elle a composé le duo Ma La Pert. Leur dernière collaboration a pris la forme d’un album enregistré en studio et publié en 2024 par le label Blue Chopstick, The Merry Month of May. En tant qu’improvisatrice, la liste de ses collaborations est impressionnante, on y trouve entre autres Okkyung Lee, George Lewis, Roscoe Mitchell, Elaine Mitchener ou Nick Roth. Jennifer Walshe publie de nombreux enregistrements, dont certains sortent en vinyles ou en cassettes.
Son catalogue foisonnant comporte près de cent vingt œuvres, souvent avec électronique. Par son refus des barrières et sa lecture pertinente du monde moderne, elle incarne parfaitement une des voies les plus prometteuses de la composition aujourd’hui.
Bastien Gallet et Guillaume Kosmicki
Crédit photo :@Milker
Rhoda Scott (Jazz)
Pour l'ensemble de sa carrière
à l’occasion de la sortie de « Ladies & Gentlemen », Sunset Records, 2024
(Photo : cop. Alexandre Lacombe)
Ensemble TM+ (Musique Contemporaine)
Pour l'ensemble de sa carrière
TM+ n’est pas un ensemble de musique contemporaine. En tout cas, pas dans le sens où on l’entend généralement. Bien sûr, les formidables musiciens réunis autour de Laurent Cuniot apportent depuis près de quarante ans une contribution essentielle à la création de la musique en train de se faire. Une longue fidélité lie ainsi l’ensemble à des compositeurs et compositrices tels Florence Baschet, Philippe Leroux, Bruno Mantovani ou Alexandros Markeas.
Mais Laurent Cuniot a toujours eu à cœur d’inscrire la création dans un échange vif avec les musiques d’hier ou d’avant-hier, qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs. L’idée est moins de se créer un répertoire que de l’offrir à l’écoute – et aucun autre ensemble ne se consacre autant à cette question. Les « Voyages de l’écoute » – ces concerts qui relient Henry Fourès et Falla, Mozart, Debussy et Laurent Cuniot ou Liszt, Webern et Boulez – sont ainsi devenus un rendez-vous essentiel pour garder les oreilles grandes ouvertes.
Mettre l’écoute au cœur de la musique, c’est aussi permettre au plus grand nombre d’écouter la musique et de se l’approprier. Cette démarche prend tout son sens avec l’installation de l’ensemble en 1996 à Nanterre.
Jean-Guillaume Lebrun
René Lacaille (Musique du Monde)
Pour l'ensemble de sa carrière
René Lacaille ou les couleurs musicales de la créolité.
Fidélité aux rythmes de l’océan Indien et créativité qui se nourrissent aux sources du sega et du maloya, groove imparable et musicalité inoubliable, René Lacaille est devenu une figure tutélaire de la musique de l’île de la Réunion. Ayant grandi dans une famille de musiciens, formé à la dure école des « bals poussière », amoureux de l’accordéon (Prix Gus Viseur), mais jouant aussi de la guitare, des percussions, de la batterie, du saxophone, il fête désormais ses 70 ans de scène.
Acteur essentiel du renouveau esthétique du cru (sega-jazz, maloya électrique, pop), de pair avec les Luc Donat ou le mythique Alain Peters (groupes Ad Hoc, Caméléon), il quitte son île en 1979 et commence une carrière qui l’emmène sur tous les continents.
Et de partager la scène avec des gens qui, comme lui, ne boudent pas leur plaisir à partager leur univers et leur énergie : Bob Brozman, Debashish Bhattacharya, Raúl Barboza, La Compagnie des Musiques à Ouïr, André Minvielle, Loïc Lantoine, Michel Godard, Fantazio, Danyèl Waro, Lindigo, La Rue Kétanou, Mon côté punk, Vincent Ségal, Piers Faccini, Lo’jo, Richard Galliano, etc.
Franck Tenaille
Anna Mouglalis (Parole Enregistrée)
Pour sa contribution à la diffusion de la littérature par la lecture
à l’occasion de la publication de Moi, Jean Gabin, de Goliarda Sapienza, éditions des femmes-Antoinette Fouque, 1 CD, 2024
à l’occasion de la publication de Moi, Jean Gabin, de Goliarda Sapienza, éditions des femmes-Antoinette Fouque, 1 CD, 2024
Depuis quelques années, la trop rare comédienne Anne Mouglalis prête sa voix au timbre si particulier aux mots d’écrivaines. Choisie personnellement par la Prix Nobel de littérature Toni Morisson pour être la lectrice de Home (Audiolib, 2013), puis de Délivrances (Audiolib, 2016), elle sera aussi la voix de Françoise Sagan pour Les Quatre Coins du cœur (Lizzie, 2019).
Il était logique qu’elle se retrouvât au catalogue des éditions des femmes-Antoinette Fouque, pour lesquelles elle a enregistré à ce jour trois titres de trois autrices aux univers très singuliers qui s’apparient à ses univers d’artiste : l’Allemande Lou Andreas-Salomé (Fenitchka), la Russe Marina Tsvetaïeva (Le Gars) et, récemment, l’Italienne Goliarda Sapienza (Moi, Jean Gabin).
« La voix d’Anna Mouglalis, cette voix adulte, modulée, souvent murmurante, délivrant le monologue de cette enfant issue d’une famille recomposée socialiste, livrée à elle-même et à sa fascination pour l’acteur Jean Gabin, crée une mise à distance troublante, incarnant tout à la fois l’enfant Goliarda, l’auteure devenue adulte et Jean Gabin, dont la petite s’approprie l’identité avec une hardiesse désinvolte. On se laisse envoûter par ce texte touchant, drôle souvent, magnifié par la voix de la lectrice. » (Cécile Trévian)
Jacques Fournier