Palmarès 2020
Prix du Président de la République
In honorem Interprètes
Ensemble 2e2m
pour l’ensemble de son parcours musical,
à l’occasion de la parution de 2 CD :
Aurélien Dumont, Tides– Hélène Fauchère, soprano, Ensemble 2e2m, Pierre Roullier,
direction. NoMadMusic (NMM081), 2020
Paul Méfano, Luftklang, compositions 1971-2013–Paul-Alexandre Dubois, voix,
Pierre Strauch, violoncelle, Jacqueline Méfano, piano, Louise Jallu, bandonéon. ACEL
(ACEL 015), 2020
In Honorem
Maria Schneider (In Honorem Jazz)
à l’occasion de la publication de « Data Lord » (ArtistShare / www.artistshare.com), pour l’ensemble de sa carrière, la singularité et l’indépendance de sa démarche, tant pour la constitution, l’extrême qualité et la pérennité de son orchestre, que sur le plan de la diffusion, notamment parce qu’elle a été pionnière dans la démarche du financement participatif et de la commercialisation directe des disques via la plateforme ArtistShare.
Maria Schneider est une artiste qui avance et entreprend. Sa vision artistique et citoyenne nous laisse deviner une compréhension du monde en dehors des chemins étroits, inspirée et inspirante.
Déçue des faibles droits perçus lors de son séjour sous les auspices du label Enja, elle opte pour une option novatrice en collaborant avec la plateforme Artist share dès 2004.
Se connecter plus directement avec ceux qui soutiennent sa musique, une sorte de circuit-court entre l ‘artiste et son public, voilà l ‘idée.
Qui deviendra quelques années plus tard, une nouvelle norme.
Par ailleurs, et c ‘est finalement le plus important , Maria Schneider est une compositrice hors pair. Eblouie par les couleurs de ses mentors Bob Brookmeyer et Gil Evans , elle sait vite fréquenter d’autres mondes pour s’en affranchir , comme celui de la musique classique , allant jusqu’à dédier à Dawn Upshaw Winter Morning Walks , une de ses œuvres les plus touchantes .
Sa collaboration avec David Bowie ( Sue , Or in a Season of Crime, dans l’album « Nothing Has Changed ») a ouvert une autre porte à un esprit curieux et audacieux ; elle lui a permis d’aborder une face plus sombre d ‘elle-même , parfois prégnante sur « Data Lords », un fascinant double Album, peut-être son plus personnel , et un objet en tous points remarquable.
Lucky Peterson (In Honorem Blues & Soul)
pour son rôle dans la popularisation du blues en France, de 1992 à sa récente disparition, à l’occasion de la sortie de « 50 – Just Warming Up ! » (Jazz Village/PIAS)
Lucky Peterson avait été reçu par Alex Dutilh dans l’émission Open Jazz sur France Musique le 27 avril 2018.
Les Grands Prix Internationaux du Disque
La bergère aux mains bleues (Jeune Public)
Amélie-les-crayons
Livre-Disque Margot / Neômme
Texte : Pierre-Luc Granjon - Chansons : Amélie-les-crayons - Illustrations : Samuel Ribeyron
Avec ce conte musical, nous découvrons avec bonheur qu’Amélie-les-crayons est aussi talentueuse lorsqu’elle crée et chante pour le tout public que lorsqu’elle s’aventure – car c’est la première fois – dans la création jeune public. Elle a réuni autour d’elle de nombreux talents, la plupart des compagnons de longue date, pour réaliser ce livre-disque à la facture raffinée dans les moindres détails – histoire, illustrations, chansons, musiques et interprétation.
Dans ce conte qui respire bon l’air iodé de l’océan breton, il est surtout question d’amour et de solidarité familiale. Madalen la bergère, Kelen le marin passionné par l’océan et leurs deux enfants vont affronter épreuves et dangers que leur force de caractère saura dépasser. À partir de ce récit écrit par Pierre Luc Granjon, Amélie-les-crayons a composé une dizaine de chansons qui se glissent dans le récit pour donner la parole à l’un ou l’autre des protagonistes, voire à tous. Tour à tour joyeuses, enlevées ou plus mélancoliques, arrangées dans des ambiances et styles variés, elles sont magnifiées par la grande palette d’instruments.
Mais au-delà de l’histoire et des chansons, nous avons beaucoup aimé la façon dont tous les interprètes, à commencer par le narrateur Luc Chambon, mettent en voix cette histoire, de façon vivante et chaleureuse, dans un univers sonore soigné. En particulier, nous avons eu un grand faible pour ces moutons, véritable chœur antique, tour à tour mal embouchés, ingénus ou impertinents, et toujours très drôles. Quant à savoir pourquoi Madalen la bergère a les mains bleues, nous laissons celles et ceux qui n’ont pas encore écouté le conte le découvrir !
Comme c’est étrange ! (Jeune Public)
Söta Sälta, Elsa Birgé et Linda Edsjö
CD Victor Mélodie
Chant : Söta Sälta, Elsa Birgé et Linda Edsjö
Musiques : Linda Edsjö, Jean-François Vrod, Michèle Buirette, Yannick Jaulin
Textes : Robert Desnos, Jean-François Vrod, Michèle Buirette, Yannick Jaulin, Abbi Patrix, Dominique Fonfrède
Le duo Söta Sälta, ce sont deux jeune femmes pétillantes, La française Elsa Birgé et la suédoise Linda Edsjö, toutes deux chanteuses et instrumentistes.
Elles ont donc concocté, en partie grâce à un financement participatif, ce qui nous a paru unanimement comme un petit bijou de finesse, d’élégance, et de bonne humeur, ce disque qui porte bien son nom, « Comme c’est étrange ! » L’étrangeté, elles sont allées la chercher un peu partout, dans les sujets abordés, fourmi ou vers de terre, caméléon ou loup, et même chez les trolls ! dans les langues qu’elles parlent ou inventent, le suédois et le français, dans la poésie, et dans le traitement de chacune de ces chansons ou de ces histoires, avec ces couleurs toutes simples (en apparence), mais drôlement efficaces qu’elles donnent à leurs interprétations. Elles invitent ainsi leur jeune public à se familiariser avec l’étrange, quel qu’il soit...
On sent que les deux artistes aiment jouer : jouer avec les instruments et les sons, avec des xylophones, un accordéon, une contrebasse et plein de petites percussions, d’objets surprenants, un accompagnement léger, jamais envahissant, mais qui souligne ou illustre avec grâce et souvent humour, la partie vocale. Elles aiment jouer aussi avec les mots qu’elles empruntent aux comptines traditionnelles des deux pays, aux poètes comme Robert Desnos, mais aussi Yannick Jaulin, Jean-François Vrod ou le conteur Abbi Patrix.
Quel plaisir on éprouve à reconnaître certaines comptines tout en étant agréablement surpris de leur transformation, à frissonner à l’écoute de certaines chansons, ou à tout simplement rêver. Et comme cette gaité, cette liberté réjouissent et méritent décidément un Grand prix !
Vincent Peirani - Emile Parisien (Jazz)
Abrazo
ACT / PIAS
L’accordéoniste Vincent Peirani et le saxophoniste Emile Parisien se connaissent si bien, ont tellement joué ensemble, qu’ils peuvent s’appuyer sans crainte l’un sur l’autre, s’entrainant, s’attirant, se devinant comme un vrai couple de tango.
Depuis leur rencontre en 2010 au sein du quartet du batteur Daniel Humair et cette opportunité, lors d’un concert en Corée, d’improviser à deux, ces frères d’âmes ont croisé le fer sur plus de 1000 concerts dont 600 en duo, même maîtrise instrumentale confondante, même goût du risque dans l’improvisation, même engagement radical dans la musique, jusqu’au vertige…
Leur premier opus en duo, « Belle Epoque », un hommage à Sidney Bechet en 2014, les a instaurés comme le couple musical majeur de la décennie. « C’est comme un mariage, dit Peirani, avec des hauts et des bas, mais rien de plus normal !! Mais en ce moment, nous avons très envie de jouer ensemble ».
La clé de ce disque tient en son titre : « Abrazo », étreinte. Tantôt enlacement de sa partenaire de danse, tantôt accolade fraternelle. « Abrazo » s’inspire non pas de l’œuvre d’un compositeur mais d’une forme d’art, d’une culture : le tango, son élégance, sa mélancolie et sa puissance rythmique et mélodique.
Comme pour leur premier duo, Peirani et Parisien ne jouent pas le matériel des originaux, mais ils en jouent. C’est cette curiosité sans limite, ce désir de grandir ensemble et de gravir des échelons toujours nouveaux qui soudent ce duo et le rendent si unique.
Fantastic Negrito (Blues & Soul)
Have You Lost Your Mind Yet ?
Cooking Vinyl / PIAS
Un troisième album survolté. Sous son avatar fièrement provocateur, Xavier Dphrepaulezz se soucie toujours peu d’arrondir les angles. Sa fureur punk et son urgence blues trouvent ici un terreau propice à leur folle expansion : un funk colossal conçu avec ses fidèles complices de studio. L.J. Holoman et son orgue juteux, Cornelius Mims et sa basse mastodonte, Masa Kohama et ses saillies de guitare qui répondent aux riffs cabossés du patron… Sous la déferlante sonore qui l’assaille dès le bondissant Chocolate samurai, l’auditeur trouvera des nuances insoupçonnées de prime abord et un message fort, un appel à se dépasser, à vaincre les barricades de nœuds érigées dans nos cerveaux ultra sollicités. En s’inspirant du vécu de certains de ses proches, le trublion d’Oakland place son album sous le signe de la santé mentale et confirme la pertinence de sa démarche. Son chant écorché ne s’encombre pas de filtre, il empoigne, soulève, tonne, frissonne, galvanisé par un essaim de handclaps ou un bataillon de hummings, prêt à en découdre le long d’une série de compos qui sont autant de coups de pied dans la fourmilière de l’ennui. Cet homme a su faire de sa renaissance artistique un combat haletant qui se révèle être un puissant guérisseur de maux.
Franck Bedrossian (Disques)
Twist, Edges, Epigram
Kairos , 0015042KAI, 2019
Duo Links, Donatienne Michel-Dansac, soprano, Klangforum Wien,
Orchestre de la SWR, Emilio Pomarico, Alejo Perez, direction, Kairo
La rencontre avec la poésie d’Emily Dickinson et le travail sur le texte ouvrent une brèche dans l’imaginaire de Franck Bedrossian qui conçoit, avec le triptyque Epigram, l’une des œuvres les plus abouties de son catalogue. Excès d’énergie et matière sonore incandescente forgent un espace de tension essentiellement mouvant dans Twist où des échos floutés de jazz, dont Bedrossian n’a jamais renié la bénéfique influence, affleurent. La troisième pièce de l’album, Edges, convoque le duo Links (Laurent et Rémi Durupt) dans une exploration sonore aussi gourmande que jubilatoire menée avec une frénésie du geste qui galvanise.
Clair de Femme de Flavie Dufour (Créations)
Flavie Dufour
Planète rebelle - 1 CD + 1 recueil
La performeuse québécoise Flavie Dufour donne à entendre son Clair de femme (titre emprunté à Roman Gary). Le texte puise dans le conte des figures imposées (la princesse enfermée dans la tour, le dragon (de salon !), le chevalier (sans armure et sur une bicyclette !), pour tracer, entre chant et dire, humour et réflexions, le portrait d’une femme en quête d’amour, dans un jeu subtil et vertigineux de sons et de voix. Un travail rare. (éd. Planète Rebelle).