Sélection Musiques du monde 2023

Et de 3 ! Voilà qui commence fort à ressembler à une tradition… C’est en effet pour la troisième année consécutive que l’Académie Charles Cros remet ses Grands prix et Coups de cœur annuels pour les artistes et les productions qui illustrent les musiques du monde dans ce haut-lieu, à la rencontre du Rhône et de la Saône, qui porte si bien son nom de Musée des confluences.
La remise de ces prestigieuses distinctions, avec la participation de nombreux lauréats pour les productions (disques, vidéos, livres) parus l’année dernière et au tout début de l’année 2023 sera intégralement filmée et pourra être suivie en direct et en replay sur Facebook et Youtube.

Le proclamation du palmarès sera suivie d’un spectacle donné par le groupe Chemirami qui avait reçu l’an dernier sur cette même scène le Grand Prix Charles Cros Musiques du monde pour l’année précédente.

Les percussionnistes virtuoses Bijan et Keyvan Chemirani proposent le projet Hâl, qui signifie le voyage amoureux selon la philosophie des mystiques persans. Ce concert met en valeur la voix généreuse et le timbre chaud de leur sœur Maryam, mais aussi Sylvain Barou et ses flûtes issues des cultures celtiques.

Ils sont rejoints par un maitre de la lyre crétoise, le grec Sokratis Sinopoulos.

Maryam Chemirani : voix
Sylvain Barou : duduk , flûtes celtiques, ney-anban et bansouri
Sokratis Sinopoulos : lyre crétoise
Bijan Chemirani : zarb, percussions, luth saz
Keyvan Chemirani : zarb, percussions, santour

Le concert sera précédé de la remise des Prix Charles Cros qui récompensent chaque année, depuis 2021 au musée, des artistes des musiques du monde.

https://www.youtube.com/watch?v=yOpX2OEJqHM

Hommage

Claude Marti

Retorn

1 CD Musiques en plus

Début des années 70, 100.000 vignerons envahissent les allées Paul Riquet à Béziers, le Téâtro de la Carrièra fait des performances sous les platanes, les descendants des indiens de Wounded Knee visitent ceux du Larzac en lutte contre l’extension d’un camp militaire, une conscience identitaire sudiste se fortifie via Comités d’action viticoles et autres rassemblements au pied des haut lieu de la résistance cathare. « Plus un poète chante dans son arbre généalogique, plus il chante juste » disait Cocteau. Dans ce contexte, Marti, l’instituteur-chanteur ne fut pas seulement un chroniqueur, un écrivain (avec Jean Pierre Chabrol), un pédagogue, il est devenu pour les cultures de l’espace occitan, une sorte de totem.
Car, « voix » musicale d’une conscience sudiste, il trouva les mots pour que tout un « peuple », déjà nié par un capitalocène prédateur du vivant et des cultures, se reconnaisse en lui. Son copain, Claude Nougaro, ne s’y était pas trompé qui clama : « Que ses mots, lancés à la volée, continuent à ensemencer la glèbe de nos consciences, le terreau de nos insatisfactions ». Et si l’Académie Charles Cros tient à lui rendre hommage après lui avoir en 1973 décerné un Grand Prix pour son « Brassens en Oc », c’est que Claude Marti a transcendé le temps et l’espace. Ce qu’a souligné un de ses pairs, le grand Gilles Vigneault : « Dans les pays que l’Histoire remet sans cesse en cause, on trouve toujours des êtres sans qui la cause perd de sa signification et sans qui le pays même perdrait de sa réalité. En Occitanie, Marti est de ceux là. Le vouloir vivre collectif de cet espace de l’homme qui lui ressemble. Tout lieu de la planète où l’homme tente le métier de liberté a besoin des Marti de ce monde ».

Après toutes les explorations musicales qu’il a assumées depuis ses débuts, retour à l’origine donc, avec ses complices, « pointures » du jazz ! Gérard Pansanel et Pierre Peyras, Olivier Roman-Garcia. Ambition : enregistrer certains titres mythiques dans l’esprit du Bob Dylan 1962 qui fasse ressortir la qualité des textes du chanteur, symbole de l’Occitanie, et sa force mythologique.


Mémoire Vivante

Jean-Jacques Nattiez

La musique qui vient du froid. Arts, chants et danses des Inuit

Editions Presses de l’Université de Montréal

Professeur émérite de l’Université de Montréal, le musicologue Jean-Jacques Nattiez est l’auteur de travaux sur la sémiologie musicale, Richard Wagner ou Pierre Boulez. Cette fois, ce livre, ouvrage d’une vie, se veut être un hommage au talent artistique d’un peuple qui vient du froid, ouvrant le lecteur à un extraordinaire univers spirituel et sensible. Car si cette musique est connue dans le monde des Qallunaat, les « non-Inuits », par ses chants de gorge de femmes, d’autres genres musicaux méritent d’être connus. Ainsi en est-il pour de nombreuses les danses et chants à tambour et les chants qui, de la Sibérie au Groenland, épousant les principes de l’animisme, sont exécutés au cours de rituels, notamment pour assurer une chasse ou une pêche fructueuses. En outre, si elle a été transformée par la christianisation, cette musique millénaire est toujours bien vivante.
On trouvera dans cet ouvrage, une anthropologie de la culture inuit, des renvois en ligne à un ensemble d’enregistrements et de vidéos, et une iconographie mettant l’accent sur les représentations (sculptures, dessins, estampes) de ces musiques. Une somme qui doit aussi à Lisa Qiluqqi Koperqualuk, présidente de la section canadienne du Conseil circumpolaire inuit, Cofondatrice de l’Association des femmes inuit du Nunavik (Canada), longtemps conservatrice au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

Sébastien Folin, Maya Kamaty

Ziskakan, une révolution créole

Un film de Sébastien Folin. Idée originale Maya Kamaty

Héritier des pratiques musicales amenées dans l’île par les esclaves, le maloya est avec le séga, l’un des genres musicaux majeurs de l’Ile de la Réunion. A la fois musique, chant, danse, avec des facettes cultuelle ou profane, le maloya, fut à partir des années 50 prohibé par une administration française qui tentait d’enrayer des expressions culturelles susceptibles de faire grandir l’idée d’une indépendance post-coloniale. Joué de manière clandestine dans des lieux secrets, comme les champs de canne à sucre, le maloya reviendra au grand jour avec des artistes engagés tels que Firmin Viry, Granmoun Lélé, Lo Rwa Kaf, Danyel Waro ou Zizkakan. Avant d’être inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité quelques décennies plus tard.
« Ziskakan, une révolution créole », documentaire de 52 minutes, en créole réunionnais sous-titré, redevable à Sébastien Folin sur une idée de Mama Kayaty, raconte le combat pacifique mené par le groupe Ziskakan, collectif d’artistes, d’intellectuels et de militants, dans les années 70 à l’Ile de La Réunion.


Créations

Mario Lucio

Migrants

1 CD MDC/PIAS

Auteur-compositeur, poète, chanteur, Ministre de la Culture du Cap-Vert de 2012 à 2016, Mario Lucio est une figure majeure de la très active scène culturelle du Cap Vert.
Avec Migrants, un enregistrement réalisé par un jeune musicien-producteur portugais, Rui Ferreira, il rend hommage à ceux qui, au fil des siècles, ont perdu la vie en tentant de traverser les mers et les terres.

Un album qui est le dixième de sa carrière depuis ses débuts avec Simentera, un groupe décisif qui marqua le retour de la musique capverdienne vers ses racines acoustiques et affirma que la culture d’Afrique continentale faisait partie intégrante de l’identité culturelle capverdienne.

Ainsi, les thèmes du métissage, du dialogue entre les cultures, sont la trame de ce répertoire qui se joue des notions de frontières, de barrières linguistiques, de couleur, de religion, ou de nation. Les morceaux évoquant son incroyable histoire personnelle, depuis son enfance à Tarrafal, ses voyages, sa pratique du bouddhisme et de la religion yoruba, et ses réflexions sur la créolisation.

Rocio Marquez Y Bronquio

Tercer Cielo

1 CD Viavox / L’Autre Distribution

Elle est l’une des grandes voix du flamenco contemporain. Sublimant la tradition en la modernisant, elle a revu les codes mélodiques, experimenté des instrumentations, a inscrit sa démarche dans l’actuel. Titulaire d’un doctorat cum laude de l’Université de Séville avec sa thèse sur « La technique vocale dans le flamenco », de fait la cantaora andalouse n’a cessé de transcender son art dans des territoires sonores aussi vastes que les peñas flamencas intimes, les grands orchestres, l’énergie pop et rock et dans les vibrations électroniques. Après avoir collaboré avec Jorge Drexler, Kiko Veneno, Raül Refree, Niño de Elche, Rosalia ou Zahia Ziouan, la chanteuse s’est associée à Jerez Santiago Gonzalo, alias Bronquio, ancien batteur punk qui rayonne désormais sur la scène électro-rap espagnole. Et à lire la presse espagnole unanime, « il y aura un avant et un après » Tercer Cielo. Le tandem entremêlant sans les dénaturer flamenco et électronique, deux genres qui ont à la fois très peu et beaucoup en commun, en particulier l’élévation, la transe, le corps, la fête, - transportant ainsi le duende dans une nouvelle galaxie.