Cedric Burnside

Grands Prix du Disque Blues & Soul 2021

Ce Hill country blues qu’il respire depuis tout petit, Cedric Burnside en est désormais le grand champion, y compris en studio. À force d’un travail passionné sur sa guitare, le batteur de Holly Springs a su étendre l’envergure de son talent bien au-delà de son incomparable maîtrise des fûts. Quand il entame ce septième album seul à l’acoustique, on mesure le chemin parcouru. Un phrasé nerveux sur un canevas bien à lui, un chant qui tend vers la soul sur le refrain et sans cesse ne fait qu’un avec l’instrument, des saillis à base de tirés francs comme ses mots. The world can be so cold en dit long sur la maturité de son jeu. Et le voilà qui entre dans le vif de la pulsation Hill Country avec l’implacable Step in, zébré par la slide juteuse de Luther Dickinson. I be trying et son refrain souligné par un chœur et un violoncelle offrent une première ouverture, mais sur cette première moitié d’album, Cedric réaffirme les bases en étant souvent seul au four et au moulin. Ah ! cette guitare qui fait gronder les graves en même temps qu’elle tisse des licks piquants, emboîtée dans le pied de grosse caisse qui bat la chamade pour compenser l’absence de basse. Rarement cette marque de fabrique héritée de papy R.L. aura si bien été mise en valeur, grâce à l’écrin du Royal Studios de Memphis et à la réalisation épurée de Lawrence “Boo” Mitchell. “I Be Trying” élargit ensuite son horizon en variant davantage les plaisirs : un Bird without a feather d’une folle intensité contenue, Pretty flowers qui verse dans une superbe rythmique fluide et tendue, What makes me think et Hands off that girl qui montrent à quel point Reed Watson a su assimiler l’essence du drumming enseigné par Cedric. Quand il parle de lutte et d’amour, quand il fait couler la sueur sur les planches du juke joint (bouillant Get down), quand il se risque en voix de tête, Cedric Burnside offre une prise directe avec son âme et celles de ses aînés qu’on imagine si fiers dans les nuages.

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