Nduduzo Makhathini

La musique peut-elle soigner ? Ceux qui l’aiment savent bien que oui, et se feront prescrire les notes de Nduduzo Makhathini. Actif depuis de longues années, le pianiste sud-africain émerge enfin à l’international, grâce à sa signature récente chez Blue Note. Après “Modes Of Communication : Letters From The Underworlds” (2020), il continue son voyage spirituel et engagé avec cette deuxième sortie Blue Note tout aussi habitée, « In The Spirit of Ntu ». Des esprits, il y en a partout dans sa musique. Dans ses doigts coulent la spiritualité de Coltrane, l’originalité de Monk, la curiosité de Randy Weston. De solides références au jazz américain, qu’il anime avec les traditions musicales de son pays, et la philosophie Ubuntu, dont il porte le message avec conviction. Ici, les sons transcendent, les sons prient, les sons guérissent. “NTu”, c’est une profonde invocation de la collectivité”, explique-t-il dans ses notes, “un endroit grâce auquel nous sommes connectés à tous”. Alors, ensemble, ses musiciens tissent des tapis rythmiques enveloppants, éclairés par le vibraphone de Dylan Tabisher, la trompette de Robin Fassie Kock, le saxophone de Linda Sikhakhane - brillant éventail des talents émergents que compte cette scène jazz sud africaine.Chaque intervention de Nduduzo - tantôt au chant, tantôt au piano - est pesée, pensée dans un délicat équilibre qui garde toujours le groupe au centre.

Loin d’être racoleur, “In the Spirit of Ntu” est un album dont les bienfaits infusent au fur et à mesure des pistes. Des morceaux lumineux (« Emlilweni », avec le saxophoniste américain Jaleel Shaw, seul invité non sud africain) laissent place à des plages plus dépouillées (“Omnyama”), qui dévoilent élégamment leur puissance implacable. Un disque soigné, et soignant, dans lequel plonger, en toute confiance.

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