Dee Dee Bridgewater

« L’idée de faire un disque de blues est dans ma tête depuis 2014 », a confié Dee Dee Bridgewater au magazine Soul Bag. Memphis était le lieu idéal pour ce retour aux sources, puisque c’est là qu’elle est née. Et que c’est là aussi, sur les rives du Mississippi, que s’est épanoui le blues dans les années 1920 et la soul dans les années 1960. Elle a choisi d’enregistrer son album dans le studio mythique où le producteur "Boo" Mitchell a pris le relais de son père Willie, celui qui façonna ici les chefs-d’œuvre d’Al Green ou Ann Peebles. Dee Dee leur rend hommage à travers des reprises bien choisies. L’autre grand studio de Memphis, celui des disques Stax, n’est pas oublié à travers des évocations d’Otis Redding ou de Carla Thomas. Dee Dee Bridgewater n’a assurément pas choisi la facilité en se frottant à ce répertoire très marqué par ses créateurs. Elle soutient pourtant la gageure et se l’appropriant à travers des arrangements originaux et une interprétation toute personnelle. Ainsi le B-A-B-Y de Carla Thomas perd sa candeur originale pour révéler son potentiel érotique, alors que le Don’t Be Cruel d’Elvis Presley se pare d’accents funky bien contemporains. Dans un registre plus grave, le Why (Am I Treated So Bad) des Staple Singers garde toute son actualité. Si l’on ajoute qu’elle bénéficie d’un accompagnement de haute volée (l’orgue de Charles Hodges, le saxophone de Kirk Whalum, les choristes…), on aboutit à une réussite totalement réjouissante. À travers les chansons qui ont marqué sa jeunesse, Dee Dee Bridgewater s’est réappropriée son héritage avec l’enthousiasme qu’on lui connait.

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