Heinz Holliger

Lenau-Szenen : Christian Gerhaher, Ivan Ludlow (barytons), Juliane Banse, Sarah Maria Sun (sopranos), Annette Schönmuller (mezzo-soprano), Philharmonia Zurich, Madrigalistes de Bâle, dir. Heinz Holliger

Après Louis Soutter, Friedrich Hölderlin et Robert Walser, un autre artiste frappé par la folie a retenu l’attention de Heinz Holliger : Nikolaus Lenau. Lunea (anagramme mêlant Lenau-lunatique) était au départ un cycle de lieder ; il servit de canevas au livret de Händl Klaus de ce nouvel opéra. Les deux barytons représentent la personnalité divisée du poète quand les trois femmes embrassent sept personnages. Un chœur de douze voix, traité à la manière d’un madrigal, fait office de chambre d’écho. Composé de trente-quatre musiciens, l’orchestre intervient moins en tutti qu’en échappées solistes : le cymbalum remplace le continuo, les percées du violon renvoient à l’instrument dont jouait le poète. L’écriture vibratile de Holliger évolue dans les textures et les dynamiques raréfiées. La vocalité se ressent d’une métrique comme atomisée en minuscules imbrications (duolets, triolets, etc.) cependant que l’harmonie investit le champ de l’infrachromarisme. La prestation de Christian Gerhaher relève de l’accomplissement. On retrouve la qualité de la pâte acoustique d’ECM, cet d’œuvre s’impose comme un des enregistrements majeurs de l’année 2022.

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