Robert Finley

Robert Finley a attendu l’heure à laquelle d’autres prennent leur retraite pour s’affirmer avec deux albums dans la tradition de la soul old school, comme on en produisait durant l’âge d’or du Memphis sound dans les studios Stax ou Hi. Son chant, profondément empathique, ancré dans la tradition des églises sudistes, véhicule une émotion tangible que son falsetto entraîne vers des hauteurs stratosphériques !
Pourtant ce troisième opus s’écarte de ses prédécesseurs par l’investissement de son auteur. Là où il se contentait d’investir les textes qui lui étaient proposés, il a maintenant voulu raconter sa propre histoire. Le titre d’ouverture, Souled out on you, fait le lien avec la coloration soul de l’album précédent, mais c’est le blues qui s’invite naturellement lorsqu’il s’agit d’évoquer son enfance rurale à travers des textes à forte valeur autobiographique : Country child, Sharecropper’s son, My story… Un blues qui se fait plus prégnant encore lorsque la guitare de Kenny Brown, le « fils spirituel » de R.L. Bursnide, est convoquée dans la veine du Hill country blues du Mississippi, mais la soul revient au galop dans I can feel the pain, ballade dépouillée, écrite avant la pandémie mais plus que jamais pertinente. Jamais très loin, le gospel imprègne le dernier titre, All my hope.
Robert Finley a été signé sur le label Easy Eye Sound appartenant à Dan Auerbach, coleader des Black Keys, qui s’est totalement investi dans la réalisation de l’album, apportant son aide aux compositions, posant sa guitare sur presque toutes les plages et produisant le disque avec le souci évident de rester au service de son artiste. Belle leçon d’humilité et révérence au talent singulier de Robert Finley !

À lire aussi…