Paul Lay

Après un disque en quartette (« Mikado », Grand Prix Jazz de l’Académie Charles Cros 2014), le pianiste revient en trio, avec contrebasse et batterie, et le choix du jazz tel qu’on l’identifie généralement. Mais ce trio-là ne ronronne pas. Le piano du studio Sextan est d’une qualité rare. Paul avoue avoir mis quelque temps à en apprivoiser les ressources, mais le résultat vaut le détour : précis, soyeux, l’instrument délivre du pur cristal, des harmoniques très riches, mais aussi des grondements telluriques. Le pianiste a scénarisé le répertoire d’une manière programmatique, comme le ferait un album concept. Mais l’essentiel est ailleurs : dans la richesse d’inspiration des compositions (très variées dans leur conception), et dans la parfaite coïncidence avec une idée du jazz qui englobe l’esprit des standards (alors qu’il s’agit exclusivement de compositions originales, excepté le magnifique I Fall In Love Too Easily conclusif, en solo). La grande aisance du pianiste n’a rien d’ostentatoire, et les phrases qui jaillissent sont d’une pertinence qui n’exclut pas la surprise. La connivence est parfaite avec Clemens Van Der Feen et Dré Pallemaerts, déjà présents sur le disque en quartette : Paul Lay a manifestement trouvé les partenaires qui conviennent idéalement à son approche du trio, la structure de ses compositions leur laisse tout l’espace pour s’exprimer, et ils maintiennent dans le déroulement de la musique une effervescence permanente. Décidément, ce disque est une totale réussite !

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